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Le Royaume-Uni est l’un des pays les mieux protégés.

 Un succès pour le Premier ministre britannique qui prend des allures de victoire face à l’Europe, où la vaccination a pris du retard.

C’EST COMME un air de revanche qui souffle sur le Royaume-Uni. Un adulte sur trois — soit 22 millions de Britanniques — a déjà reçu la première dose du vaccin antiCovid, et 11,4 millions une vaccination complète. De quoi faire pâlir d’envie nombre de pays européens, dont la France, où, à titre de comparaison, quelque 4 millions de premières doses et 2 millions de deuxièmes doses ont été injectées à ce jour. Un sacré retournement de situation. Il y a un an, Boris Johnson était la cible de toutes les critiques pour sa gestion de l’épidémie — il pariait alors sur l’immunité collective —, et son pays était un des plus touchés par la pandémie, affichant un des taux de mortalité les plus élevés d’Europe (186,4 morts pour 100 000 habitants, contre 131,4 pour la France). Désormais, la stratégie de vaccination de masse permet au Premier ministre britannique, trois mois après le Brexit, de damer le pion à l’Union. Le pays a fait preuve d’une rapidité et d’une agilité qui ont cruellement fait défaut à l’UE.Cavalier seul.Avant même l’autorisation des vaccins, le Royaume-Uni s’était garanti l’approvisionnement de doses en investissant dès juin-juillet dans les différentes technologies développées par Pfizer (40 millions de doses au total), AstraZeneca (100 millions) et Valvena (60 millions de doses). L’Union, qui préfère voir les résultats avant d’investir, avait attendu le 11 novembre pour acheter 300 millions de doses du vaccin Pfizer et 160 millions de doses du Moderna. Dès que le Pfizer réussit fin novembre toutes les phases de tests, la MHRA, l’agence de régulation des médicaments britannique, grille la politesse à l’Union européenne en autorisant le vaccin sur le marché dès le 2 décembre. Soit trois semaines avant Bruxelles. Cette rapidité d’exécution a lieu « grâce au Brexit », conclut un peu vite Matt Hancock, le ministre de la Santé, devant la Chambre des communes. D’un point de vue légal, à l’époque, le Royaume-Uni est pourtant encore soumis aux règles européennes, mais comme la loi communautaire autorise les Etats membres à accélérer l’autorisation de médicament pour des urgences sanitaires, le pays a pu faire cavalier seul indépendamment du Brexit.Les effets de l’immunité se font déjà sentirRapidité encore dans l’autorisation du vaccin d’AstraZeneca. Au Royaume-Uni, c’est chose faite dès le 30 décembre. L’Union européenne, quant à elle, doit attendre le 29 janvier. Au même moment, les deux camps se disputent les doses du vaccin et l’UE soupçonne le laboratoire de détourner ses livraisons vers le Royaume-Uni. AstraZeneca rétorque qu’il suit son carnet de commandes : Albion avait mieux pris ses devants avant le continent. Avec ce vaccin, certains pays européens perdent encore du temps en interdisant l’administration des doses au-delà d’un certain âge — 65 ans pour la France. Dans l’Hexagone, cette limite n’est tombée que début mars. Les Anglais, qui dépendent du gouvernement de Boris Johnson en matière de santé, contrairement aux Ecossais, aux Gallois et aux Nord-Irlandais, reconnaissent les efforts accomplis. « Ils se sont bien plantés au début, ils auraient dû confiner tout le monde rapidement, comme le reste de l’Europe, s’agace Scott, un serveur londonien au chômage partiel. Mais sur la vaccination, oui, ils ont réussi à faire les choses plus rapidement. » Les effets de l’immunité sur les premiers vaccinés au début du mois se font déjà sentir : les admissions dans les hôpitaux britanniques se réduisent de moitié tous les dixhuit jours. Le nombre de morts « baisse non seulement plus vite qu’après le premier pic, mais il baisse aussi de façon plus rapide chez les plus de 80 ans, qui ont reçu le premier vaccin, que chez les moins de 80 ans », explique le ministre de la Santé. Pour les autorités, ces données sont la preuve de l’efficacité concrète du vaccin. Le gouvernement n’entend pas en rester là. Il anticipe déjà sur le risque d’une troisième vague en se penchant sur l’option d’un deuxième rappel pour l’automne. « Nous avons la chance d’avoir des capacités de séquençage très performantes permettant d’analyser les nouveaux variants et de développer les vaccins adaptés, indique Cheryl Walter, virologue à l’université de Hull. L’administration d’une troisième dose avant l’hiver sera très efficace en cas de nouvelle mutation. » Pendant ce tempslà, en France, on fait tout pour éviter un nouveau confinement national…

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