Dans sa chronique, Françoise Fressoz, éditorialiste au « Monde », observe que le chef de l’Etat et sa rivale du second tour ont repris leur face-à-face idéologique à l’occasion des Européennes.
Ils sont à des milliers de kilomètres l’un de l’autre et pourtant leur face-à-face a commencé. Ou plutôt recommencé. Emmanuel Macron face à Marine Le Pen. Marine Le Pen face à Emmanuel Macron.
Le match retour, comme si personne d’autre n’existait entre eux deux. Pas de gauche, pas de droite. Juste lui et elle dans un combat sans merci où se joueraient l’avenir de la France et celui de l’Europe sur fond de crise identitaire, de poussée populiste et de fragilisation des démocraties.
« Progressistes contre conservateurs », théorise le premier. « Nationaux contre mondialistes », rétorque la seconde que l’on disait sonnée après son quasi K.-O. lors du débat télévisé de l’entre-deux-tours de la présidentielle de 2017, par ailleurs assaillie par les difficultés financières, et qui, pourtant, remonte sur le ring comme si de rien n’était.
On n’entend qu’eux
A peine le président de la République avait-il confirmé, depuis les Antilles, son intention de s’impliquer dans la campagne des Européennes de mai 2019, que la patronne du Rassemblement national appelait, dimanche 30 septembre sur France Inter, à un large ralliement des mécontents sous sa bannière.
A peine Emmanuel Macron précisait-il dans des confidences au Journal du dimanche (JDD) du 30 septembre qu’en aucun cas « il ne changerait de politique », que Marine Le Pen ripostait : ces élections sont « la seule manière » pour les Français de « se faire entendre » du président de la République qui ne « veut pas les entendre ».
Ni l’un ni l’autre ne conduira de liste, personne ne sait à ce jour s’ils parviendront à constituer le large rassemblement qu’ils appellent de leurs vœux – « progressiste et démocrate » d’un côté, « patriote » de l’autre – et pourtant on n’entend qu’eux. Comme si le fait d’avoir été les rescapés du premier tour de l’élection présidentielle leur offrait un quasi-duopole sur les ruines du vieux système.
Victimes du macronisme
Vaincue en mai sur la question de l’euro, Marine Le Pen ajuste le tir de façon tonitruante : cap sur la « submersion migratoire » et « l’ensauvagement de la société », dans la foulée du succès électoral de Matteo Salvini (Ligue, extrême droite) en Italie et comme le faisait naguère son père Jean-Marie Le Pen.
Avec en plus un zeste appuyé de social pour tenter d’attirer dans ses filets ceux qui, à droite comme à gauche, se sentent victimes du macronisme ou fragilisés par son ode à la mobilité : retraités, chômeurs, fonctionnaires etc.
Lui, au plus bas dans les sondages et en difficulté sur la question du pouvoir d’achat, entame une séquence mea culpa et pédagogie pour essayer de renouer le lien avec les Français, élargir sa base électorale et gommer l’étiquette trop libérale qui lui colle au front. Parce que le scrutin européen sert souvent d’exutoire, il ne lui suffit pas de récupérer les déçus du macronisme, il lui faut surtout éviter la grande rupture avec l’électorat populaire.
« Mon mandat, c’est cinq ans »
Dans le JDD, Emmanuel Macron se défend d’être « européiste », assure « croire au retour des peuples », affirme « vouloir tourner la page d’une Europe ultralibérale ».
Comme s’il se souvenait de la cassure engendrée par le traité de Maastricht, puis de celle suscitée par le traité constitutionnel européen ; comme s’il se souvenait de cette opposition entre les bénéficiaires de la mondialisation et les autres, de cette fracture entre le peuple et l’élite qui, d’élection en élection, n’a cessé de se creuser.
Avec cependant pour l’hôte de l’Elysée cette corde de rappel : si les élections européennes peuvent bien prendre la forme d’un sévère d’avertissement, elles changent rarement le cours de la vie politique. « La durée de mon mandat c’est cinq ans », rappelle Emmanuel Macron. Une façon de signifier à Marine Le Pen que le match retour dont elle rêve en 2019 n’en sera pas vraiment un.
Ils sont à des milliers de kilomètres l’un de l’autre et pourtant leur face-à-face a commencé. Ou plutôt recommencé. Emmanuel Macron face à Marine Le Pen. Marine Le Pen face à Emmanuel Macron.
Le match retour, comme si personne d’autre n’existait entre eux deux. Pas de gauche, pas de droite. Juste lui et elle dans un combat sans merci où se joueraient l’avenir de la France et celui de l’Europe sur fond de crise identitaire, de poussée populiste et de fragilisation des démocraties.
« Progressistes contre conservateurs », théorise le premier. « Nationaux contre mondialistes », rétorque la seconde que l’on disait sonnée après son quasi K.-O. lors du débat télévisé de l’entre-deux-tours de la présidentielle de 2017, par ailleurs assaillie par les difficultés financières, et qui, pourtant, remonte sur le ring comme si de rien n’était.
On n’entend qu’eux
A peine le président de la République avait-il confirmé, depuis les Antilles, son intention de s’impliquer dans la campagne des Européennes de mai 2019, que la patronne du Rassemblement national appelait, dimanche 30 septembre sur France Inter, à un large ralliement des mécontents sous sa bannière.
A peine Emmanuel Macron précisait-il dans des confidences au Journal du dimanche (JDD) du 30 septembre qu’en aucun cas « il ne changerait de politique », que Marine Le Pen ripostait : ces élections sont « la seule manière » pour les Français de « se faire entendre » du président de la République qui ne « veut pas les entendre ».
Ni l’un ni l’autre ne conduira de liste, personne ne sait à ce jour s’ils parviendront à constituer le large rassemblement qu’ils appellent de leurs vœux – « progressiste et démocrate » d’un côté, « patriote » de l’autre – et pourtant on n’entend qu’eux. Comme si le fait d’avoir été les rescapés du premier tour de l’élection présidentielle leur offrait un quasi-duopole sur les ruines du vieux système.
Victimes du macronisme
Vaincue en mai sur la question de l’euro, Marine Le Pen ajuste le tir de façon tonitruante : cap sur la « submersion migratoire » et « l’ensauvagement de la société », dans la foulée du succès électoral de Matteo Salvini (Ligue, extrême droite) en Italie et comme le faisait naguère son père Jean-Marie Le Pen.
Avec en plus un zeste appuyé de social pour tenter d’attirer dans ses filets ceux qui, à droite comme à gauche, se sentent victimes du macronisme ou fragilisés par son ode à la mobilité : retraités, chômeurs, fonctionnaires etc.
Lui, au plus bas dans les sondages et en difficulté sur la question du pouvoir d’achat, entame une séquence mea culpa et pédagogie pour essayer de renouer le lien avec les Français, élargir sa base électorale et gommer l’étiquette trop libérale qui lui colle au front. Parce que le scrutin européen sert souvent d’exutoire, il ne lui suffit pas de récupérer les déçus du macronisme, il lui faut surtout éviter la grande rupture avec l’électorat populaire.
« Mon mandat, c’est cinq ans »
Dans le JDD, Emmanuel Macron se défend d’être « européiste », assure « croire au retour des peuples », affirme « vouloir tourner la page d’une Europe ultralibérale ».
Comme s’il se souvenait de la cassure engendrée par le traité de Maastricht, puis de celle suscitée par le traité constitutionnel européen ; comme s’il se souvenait de cette opposition entre les bénéficiaires de la mondialisation et les autres, de cette fracture entre le peuple et l’élite qui, d’élection en élection, n’a cessé de se creuser.
Avec cependant pour l’hôte de l’Elysée cette corde de rappel : si les élections européennes peuvent bien prendre la forme d’un sévère d’avertissement, elles changent rarement le cours de la vie politique. « La durée de mon mandat c’est cinq ans », rappelle Emmanuel Macron. Une façon de signifier à Marine Le Pen que le match retour dont elle rêve en 2019 n’en sera pas vraiment un.
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